Le sentiment sur cette équipe ?

L'ambiance est bonne, vu que nous sommes trois amis issus de la même formation. Mais comme nous sommes également tous les trois à la tête du projet, il est difficile de le gérer. Il n'y a pas de hiérarchie dans notre équipe. Chacun a des ambitions et motivations différentes, ce qui prouve bien qu'aucun clan ne peut avoir plusieurs chefs :) ...

Quels sont les objectifs ?

L'objectif technique consiste avant tout à faire le maximum afin d’atteindre l'objectif artistique. Ce dernier est de parvenir à faire un court-métrage amusant, joli, avec un personnage très expressif dans son comportement, car c'est un film muet.

Comment dénichez vous vos histoires ?

Cette étape est assez amusante. En fait, elles naissent d'un petit délire... Pour le premier épisode par exemple, nous nous sommes réunis devant un bon petit rhum, en racontant des scénarios des plus loufoques. Au bout d'un petit moment, on s'est retrouvés avec un personnage, un objet et un décor. Et les gags ont commencé à pleuvoir...

Ensuite on a fait des croquis de recherche de Tropty. Une fois tout le monde d'accord sur sa morphologie, il a été modélisé. Un seul décor était nécessaire. L'étape du story-board n'était pas indispensable, puisque c'est une caméra fixe sur toute la durée du film. Seulement c’était le type de montage qui posait problème...

Comment réunir toutes ces séquences de gags différentes sur un même angle de caméra sur toute la durée du film ?

On ne pouvait absolument pas les mettre côte à côte, sans quelconque transition. Au début, on a essayé de mettre une image fixe représentant la copine de Tropty, en train de lui téléphoner à différents endroits, dans différentes situations, entre chaque gag. Le gag consistait à ce que Tropty ne parvienne jamais à décrocher.

Cette méthode ne collait pas trop et a vite été oubliée. On a ensuite essayé maintes transitions, pour finalement revenir à une méthode plus simple, celle de couper sur un « noir ». Comme cet enchaînement fonctionnait, on est restés sur ce concept.

Avec quel matériel informatique ? 

Notre station d'accueil est Windows, sur un PC tout simple. Pourquoi, peut-être parce que c'est le matériel le plus répandu et le moins onéreux. Et une grande partie des ressources sur le net y sont consacrées. Mais nous envisageons de passer au Mac, jugé plus maniable pour les métiers de l'image. Mais ce choix n'est qu'un point de vue personnel.

Sur quel logiciel ? 

Nous utilisons Maya. Le tout premier épisode, nous l'avons fait avec 3dsmax. Mais son instabilité au niveau de l'animation avancée nous a poussés à migrer vers Maya. Je ne dis pas que Max est un mauvais logiciel, simplement je trouve Maya bien plus confortable. Mais encore ici, c'est une question de point de vue personnel. Par exemple, en animation cartoon, les personnages doivent se déformer, s'étirer. Ceci paraît simple, mais en 3D, la construction d'un squelette complexe est requise. Et Maya offre plus de maniabilité sur les fonctions mathématiques, avec moins de bugs.

Mais tout logiciel a ses avantages et inconvénients : 3dsmax offre des fonctions pré paramétrées qui n'existent pas sous Maya. Pour les avoir, il faut les ajouter par l'intermédiaire de scripts et de plug-in. Cet avantage rend Max bien plus simple à utiliser.

Par ailleurs, cette migration nous a obligés à apprendre Maya par nos propres moyens, à l'aide de tutoriaux et de « fouilles » de scènes déjà prêtes. Nous ne pouvions pas nous permettre de refaire une formation.

Nous avons été confrontés à deux sortes de problèmes ? 

Le premier, technique, est la gestion des effets dynamiques comme les poils qui devaient recouvrir Tropty. Le résultat final ne nous a pas plu et on les a enlevés (scintillements, régions trop sombres, temps de calcul trop élevé). On a eu aussi des problèmes de gestion du renderfarm, les machines qui le composent sont des antiquités. Le projet a failli être livré trop tard.

Le second problème, c'est la gestion de l'équipe. Nous n'avons pas de supérieur hiérarchique et quelques fois, ça part dans tous les sens! Il y a eu aussi des pertes de motivation, des montées de pression ... etc.

Et malheureusement, Tom (le responsable des rendus et effets spéciaux) est tombé malade à deux mois de la date butoir. Le pauvre a dû passer 3 semaines à l'hôpital...